ou comment une première expérience professionnelle (ou presque) se transforme en volontariat international à l'Ambassade de France au Pakistan !!

mardi 4 mai 2010

Khanpur lake ou comment tout oublier à une heure et demi d’Islamabad

Samedi 1 mai, il est 16h25.

Après une certaine hésitation, j’ai décidé d’y aller tout simplement. Pourquoi refuser une telle invitation ? Par peur de l’inconnu, de l’aventure, de l’ennui, du déplacé ou tout simplement pour cause de crise aiguë de flémingite…
Peu importe, ma décision est prise, la confirmation est arrivée à qui de droit et je suis attendu. Mes affaires sont prêtes, le maillot de bain et la serviette dans le sac, la bouteille d’eau pour la route, la chemise sur son porte-manteau et le kit main-libre accompagné des lunettes de soleil indispensables pour arpenter la route qui m’attend.
Je quitte mon appartement au volant de mon bolide direction l’ambassade… histoire de changer de véhicule - une petite voix m’a conseillé de trouver un moyen de transport plus tout-terrain. Je retrouve donc Jérôme qui a bien voulu me prêter son 4x4 pour la soirée. Instructions et conseils de conduite transmis, je démarre le diesel, la climatisation, passe en mode drive et décolle de la place de parking.
Je me lance sur la route non sans appréhension, même si j’ai déjà conduit une voiture automatique et même un gabarit plus conséquent, j’ai l’habitude de passer partout sur les routes pakistanaises avec mon petit gabarit. Cette fois-ci c’est plutôt du genre "pousse-toi de là que je m’y mette et si tu n’obtempères pas, gare aux dégâts". A vrai dire, j’ai plutôt apprécié !
Premier objectif, Taxila, sur la route de Peshawar, ça se fait tout seul avec une belle marche sur la fin lorsque je quitte la GT road. Quelques travaux sur le pseudo futur échangeur ou quoique ce soit ont pour conséquence un dénivelé de 50cm en 3cm… passé sans encombres grâce à la généreuse hauteur de garde de mon fidèle destrier !
Me voilà maintenant sur une route comparable à une petite départementale bretonne, pas de lignes, des bas côtés douteux et une circulation sporadique, enfin une non-circulation sporadique, comprendra qui voudra. Je slalome entre les motos, les charrettes (les vraies), les camions, les voitures, les animaux, les piétons et tout ce petit monde dans les deux sens !
Je dépasse Taxila, sa ville, son musée, sa banlieue résidentielle, son cantonnement militaire tout en faisant tourner toutes les têtes que je croise… ce n’est pas ce que vous croyez (est-il bien nécessaire de le préciser..) mais un blanc dans un gros 4x4 blanc, c’est peut-être un peu trop visible.
Changement de direction suivant au milieu d’un bazar, comprenez par-là un amoncellement de magasins en tout genre ou règne une sur-activité déroutante et … je suis arrivé trop loin ! Petit demi-tour et je fini par trouvé ma route au milieu de véhicules et piétons qui se rangent juste assez pour laisser passer mon généreux gabarit.
Je quitte la départementale pour une communale dans un état second. Quelques kilomètres plus loin je devrais quitter la "route".
Juste en quittant le bazar, j’ose le dépassement d’une voiture en train de se remplir d’une vingtaine de passagers sans compter le matériel. Aucune exagération dans mes propos, la voiture en question est un pick-up avec une cage sur le caisson sur laquelle s’accroche de nombreux hommes. Quelques centaines de mètres plus loin, considérant que ma vitesse ne leur était pas digne, le même véhicule me double, une roue sur la piste goudronnée, une roue sur le bas côté poussiéreux et peu stable. Je décide de les suivre jusqu’à nouvel ordre – pourquoi tenter le diable – ce qui fait sourire les passagers qui ont repéré ma présence. Je finis quand même par dépassé la frêle esquive lors qu’il s’arrête pour déposer quelques personnes. Je finis les derniers kilomètres sur le même rythme, tranquille, histoire de ménager ma monture et de ne perdre aucun morceau.
Je fini par trouver une espèce de piste à carrosser. Rien aux alentours, ce doit être la dernière ligne droite… je m’élance.
A défaut de ligne droite et plane, je navigue fébrilement sur un terrain parfaitement adapté à l’engin que je pilote. Eh oui, en quelques mètres, je suis devenu pilote de tout-terrain (ma première expérience en la matière pour tout vous dire). Les appareils de mesure du bord m’indique des inclinaisons supérieures à 30°, tout va bien. Et une épingle en deux temps pour le fun - pour ceux qui n’auraient pas compris, passage de marche-arrière obligé pour reprendre le cours de l’ascension. La fin du trajet se fera en descente, prometteur pour le retour… il me falloir appeler le propriétaire du véhicule pour savoir comment passer en 4 roues motrices !

Et me voilà arrivé à destination. Je découvre le lieu, la vue, le paysage environnant, la maison à l’architecture contemporaine déroutante par rapport à tout ce que j’ai vu jusqu’à présent, la terrasse en pierre de la région, la piscine quelques dizaines de mètres en contre-bas et le lac encore plus bas.
Il est 18h30, le soleil se couche et le paysage s’embrase pour me faire oublier ce qui m’entoure depuis maintenant cinq mois. Il me faudra quelques minutes pour émerger, remercier mon hôte pour son invitation et me tourner vers les autres invités pour faire leur connaissance.

Tout ça est quand même des plus déroutant, j’ai de la chance.

La nuit tombe, les bougies disposées tout autour de la terrasse, de la maison et de la piscine s’éveillent pour transformer le décor. De petits groupes se forment ici et là profitant du mobilier et des coussins et tapis recouvrant la terrasse.
Après un repas délicieux préparé par un chef d’Islamabad, le piano et la voix s’échauffent. Une heure de musique relaxante, allongé sur la terrasse tapissé et sous une voûte étoilée, que demander de plus !! Eh bien, je dirais juste un petit tour dans la piscine éclairée au beau milieu de la nuit, quelques pas de danse sur une playlist des années 80 et le tout en charmante compagnie !

Le retour se fera sans encombres et pas trop tard dans la nuit pour être sur d’avoir la tête sur les épaules. Le premier kilomètre à très faible allure me permet de prendre toute la mesure de ce qui m’entoure, les pleins phares révèlent des dénivelés que je n’avais pas remarqués à l’aller. Un nouvel environnement pour ainsi dire et ce tout au long du voyage. La nuit et le jeu des lumières fixes ou en mouvement laissent apparaître un monde bien dissimulé dans la journée.

Au regard de cette soirée hors de tout, une seul regret, l’oubli de mon appareil photo qui m’empêche de vous faire partager ce moment par un autre moyen que mes mots.

2 commentaires:

  1. On a vraiment l'impression que tu passe de l'enfer du trafic au paradis des nuits pakistanaises!
    Ah ce que j'aimerai pouvoir vivre un peu seulement de tes aventures !! ;)
    Dommage pour les photos !! J'aurais bien aimé voir cette "terrasse tapissé et sous une voûte étoilée" !!
    Bonne fin de semaine Romain !
    A plus pour suivre tes péripéties.

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  2. Je dirais que c'est assez simple, dans l'idée, de venir vivre une de mes aventures. Il te suffit de prendre l'avion et je m'occupe du reste à ton arrivée !

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